Fibre optique : SFR en avance sur Rennes Métropole, mais...

Par Yann Daoulas modifié le 23/12/2020 à 08h51

Sur Rennes Métropole, SFR annonce des chiffres supérieurs à ses engagements de déploiement de la fibre à fin 2020. Mais le chantier est encore conséquent.

Franck Coudrieau, directeur SFR Ouest

Mission accomplie ? En charge du déploiement de la fibre optique sur une quinzaine de communes de Rennes Métropole, SFR annonce avoir déjà franchi un cap fin 2020. A savoir la couverture de 40 000 locaux, chiffre initialement promis pour fin 2022 dans une convention avec l'agglomération bretillienne. Ce qui ne veut pas pour autant dire que son travail est fini. Explications avec Franck Coudrieau, directeur de SFR pour la région Grand Ouest. 

Rennes Métropole : SFR à 102 % de son objectif...

L'opérateur a détaillé la semaine dernière ses progrès sur les 17 communes où il s'est engagé à déployer un réseau de fibre optique mutualisé via sa filiale de déploiement, SFR FttH. Ce dernier ne s'est pas laisser démonter par la crise sanitaire, en parvenant à doubler en un an le nombre de locaux raccordables sur son périmètre d'action : 21 300 de plus depuis le début de l'année. 

De quoi lui permettre d'afficher un total de 40 700 lignes à fin 2020. L'opérateur livre le détail par communes dans un communiqué, où l'on apprend du reste l'ouverture prochaine de 1 200 lignes supplémentaires, à l'occasion d'un effort concentré sur les zones d'activité. Si bien qu'au tournant de l'année, le bilan est déjà légèrement supérieur à l'engagement figurant dans la convention signée avec Rennes Métropole en juin 2019. Un document dans lequel SFR s'engageait sur un total de 40 074 locaux raccordables à fin 2022.

Fort de ces chiffres, l'opérateur n'estime pas pour autant avoir d'ores et déjà rempli son contrat, se bornant à constater qu'il "conforte largement son avance" dans le déploiement de la fibre sur le périmètre dont il a la charge. Car si, numériquement, la marque au carré rouge apparaît à son avantage sur l'agglo rennaise, avec un taux de couverture global de 102% sur 17 communes (et même certaines à plus de 120%), sa desserte en fibre optique est encore loin d'être intégrale. 

...mais encore 20 000 locaux à couvrir

Pour deux raisons. La première est démographique. La convention - non-contraignante - signée par l'opérateur avec Rennes Métropole est la traduction locale d'engagements, juridiquement opposables pris, eux, au niveau national par Orange et SFR en zone AMII. Et ce sur la base d'un nombre précis de logements et entreprises, celui arrêté par l'Insee en 2014, insistent les opérateurs - à noter que l'Arcep n'a pas le même avis sur la question.

Or, sur Rennes Métropole, les constructions neuves ont fleuri depuis cette année de référence, parfois à un rythme impressionnant, fait valoir Franck Coudrieau. Certaines communes, plaide-t-il, ont vu leur nombre de locaux bondir de 20%, 50%, voire plus sur la période. Si bien que la couverture intégrale du territoire est encore loin d'être achevée. A date, estime SFR, il resterait encore quelque 20 000 foyers et entreprises à rendre raccordables sur les 17 communes dont il a la charge.

Si le dynamisme démographique de la métropole rennaise explique en grande partie ce différentiel, il n'en est pas la seule cause. Car dans ce reste à faire figurent aussi un certain nombre de locaux plus complexes à couvrir, dits "raccordables sur demande", dans un délai de six mois à compter d'une commande d'accès par un opérateur commercial. Un statut particulier qui, à fin 2020, ne devait porter au maximum que sur 8% des locaux visés par la convention. Le problème aujourd'hui est moins de savoir si ce seuil est respecté ou non, que de savoir que faire de ces cas. Car il n'existe pour l'heure aucune offre commerciale permettant à un foyer ou une entreprise raccordable sur demande de demander un abonnement à la fibre auprès d'un fournisseur d'accès à Internet.

À l'heure de vérifier le respect des engagements de déploiements d'Orange et SFR en zone AMII, faire émerger des limbes ce statut de raccordable sur demande est l'un des enjeux identifiés par le gouvernement. Il fait actuellement l'objet de "discussions", dont l'un des aspects essentiels est la prise en charge du coût des raccordements, nous explique Franck Coudrieau.

Même à plus de 100%, le chantier n'est donc pas fini pour SFR, et les élus métropolitains en sont évidemment conscients. Ce qui ne les empêche pas d'être "plutôt satisfaits de la 1ère ligne franchie" par l'opérateur avec ces quelque 40 000 lignes à fin 2020, confie le directeur général de SFR Ouest.

Problèmes de raccordement final : les pistes de SFR

On l'a compris depuis un certain temps maintenant : les engagements pris par Orange et SFR en zone AMII à l'échelle nationale seront jaugés sur une approche "best effort" - notamment sur le raccordable à la demande - plutôt que sur le strict respect numérique desdits engagements. A fortiori dans un contexte de déploiement perturbé par la crise sanitaire. Le sujet brûlant du moment est moins désormais le rythme de déploiement que la qualité des raccordements finals réalisés par les différents FAI et leurs sous-traitants, et le risque dégradation du réseau qui en découle.

Et l'infrastructure déployée par SFR en Ille-et-Vilaine n'échappe pas à ces préoccupations, nous confirme Franck Coudrieau. Celles-ci ont notamment conduit SFR FttH à lancer il y a quelques mois une plate-forme nationale de signalement des dommages, sur laquelle les représentants des collectivités peuvent ouvrir des tickets d'incidents.

L'initiative s'inscrit dans un "programme qualité" plus global qui a vu l'opérateur lancer une vaste campagne d'audit de ses points de mutualisation, c'est-à-dire ses armoires de rue. 2 200 ont été contrôlé depuis juin sur l'ensemble du territoire, avec remise en état au besoin. Mais SFR est aussi en train de "réfléchir au point de mutualisation de demain", ajoute Franck Coudrieau. Il s'agirait d'un équipement plus sécurisé, avec ouverture à distance et système d'identification des intervenants. Et aussi moins grand. L'opérateur étudie en effet la possibilité de scinder ses points de mutualisation regroupant 1 000 lignes dans les zones de forte densité, plus exposées à l'"effet spaghetti".

Ces réflexions viennent s'ajouter aux différentes pistes proposées par les opérateurs d'infrastructure et les FAI pour tenter de venir à bout des problèmes de raccordement final. A moins que ce ne soit l'Arcep qui mette tout le monde d'accord, à l'issue de la consultation que l'autorité vient de lancer sur la question.

 

Datacenter SFR de Rennes : c'est reparti pour 20 ans

Pour présenter son bilan sur la fibre à fin 2020, SFR a choisi d'ouvrir les portes de son datacenter rennais. Ce afin d'illustrer les efforts consentis pour améliorer l'efficacité de son cœur de réseau, tant pour l'utilisateur que pour l'environnement. Car le site, implanté il y a 20 ans, accueille depuis début 2020 un Edge datacenter, décliné à l'échelle régionale ("large edge"), et à terme départementale ("small edge").

L'objectif est multiple. Il s'agit d'abord de gagner en capillarité pour accompagner l'"explosion" du volume de données échangée. En décentralisant de plusieurs crans le traitement des données des clients, l'opérateur compte ainsi optimiser la latence, économiser sur les coûts de transport, ou encore héberger des applications pour les acteurs verticaux (5G notamment). Il peut également y déployer ses propres infrastructures virtualisées en remplacement des solutions propriétaires des équipementiers télécoms, afin de gagner en souplesse et en sécurité.

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Enfin, à l'heure où l'empreinte énergétique du numérique est scrutée de près, SFR met en avant l'évolution de l'ingénierie de ses datacenters, dont le site de Rennes a été le premier à bénéficier. En optant pour des solutions d'hébergement à base de tunnels confinés : pour faire simple, au lieu de climatiser toute une salle, seules les allées de baies (ci-dessus) bénéficient du refroidissement, avec des économies d'énergie de près de 30% à la clé. SFR souligne enfin la modularité et l'évolutivité de cette solution, qui sera ainsi en mesure, selon l'opérateur, d'offrir 15 à 20 ans de bons et loyaux services.

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